C’est exactement du 9 mars de l’an de grâce 962 que date l’acte qui indique que CURTIS ALARICI (domaine d’Alaric) fait partie des possessions de l’Abbaye de Moutier-Grandval, et c’est en 999 que le roi de Bourgogne Rodolphe III cède à l’évêque de Bâle Adalbert la célèbre abbaye et ses dépendances.
En 1178, le pape Alexandre confirme à Moutier-Grandval et au Chapitre de Saint-Imier les biens qu’ils possédaient à Courtelary. Notre village est donc plus que millénaire
L’extension du culte voué à saint Imier, moine défricheur venu d’Ajoie, fut d’ailleurs à l’origine de la construction, au Xe ou XIe siècle, d’une petite église romane dominant le site. Erigée en paroisse (dont dépend Cormoret), elle fut agrandie en 1372, 1642 et 1773. La remarquable restauration de 1933 révéla – ô miracle – de très belles fresques du XIVe siècle, dont une ‘’Adoration des Mages‘’ et un ‘’Saint Imier chassant le Griffon‘’.
Administrée par les comtes de Fenis-Neuchâtel, la vallée fut alors cédée en avouerie par le prince-évêque de Bâle aux Sires d’Erguël jusqu’en 1264, puis, peu à peu, à Bienne qui bénéficia du droit de bannière, et qui imposa la Réforme en 1530. L’emprise croissante de la ville du bout du lac sur leurs affaires inquiétait les Erguëliens qui s’allièrent par combourgeoisie à Soleure et qui négocièrent, une année plus tard, en 1556, un traité de confirmation de leurs coutumes et libertés avec leur souverain. Ce furent les ‘’Franchises’’ d’Erguël’’.Un demi-siècle plus tard, le brillant prince-évêque Jacques-Christophe Blarer de Wartensee joua, pour Courtelary, un rôle très important : non seulement il autorisa les Erguëliens à débattre eux-mêmes de leurs appels non plus à Bienne, mais à la Maison de Justice (en face de la fromagerie), mais encore il établit en 1606 les baillis d’Erguël à Courtelary, et ce fut alors la construction du Château (aujourd’hui Préfecture).
Des 14 baillis qui se succédèrent au château de Courtelary de 1606 à 1792 (la Révolution française frappe à la porte), certains étaient très proches du peuple. Pétremand d’Aulte demeura synonyme de bonté et de clairvoyance. Sa pierre tombale, émouvante de simplicité, se trouve toujours au pied de la façade sud du temple.D’autres baillis, en revanche, trop autoritaires, subirent la colère populaire, tel Mestrezat qui, en 1733, fut contraint de fuir le château au cours d’une assemblée houleuse. Courtelary était alors dirigé par un maire à forte personnalité, Pierre Béguelin, dont le fils Nicolas, philosophe de renom, fut appelé à la Cour de Prusse par le grand Frédéric II.
Après le départ du dernier bailli Samuel Imer, Courtelary fut le siège, en 1793, d’une ‘’Assemblée législative d’Erguël’’ convoquée par les révolutionnaires dans le but de constituer le pays en république, tentative qui échoua.Durant l’occupation française, Courtelary devint le chef-lieu du canton du même nom, d’abord dans le département du Mont-Terrible, puis dans celui du Haut-Rhin.Dès 1815 (Congrès de Vienne), Courtelary et l’évêché de Bâle font partie intégrante du canton de Berne. Le château, devenu préfecture, abrite l’administration du district dont le village est le chef-lieu.
Alors que l’horlogerie prenait son essor dans le haut vallon dès le milieu du XVIIIe siècle, Courtelary demeura une localité à caractère essentiellement agricole et artisanal jusqu’à l’aube du XXe siècle. Les métairies de montagne étaient tenues par des anabaptistes bernois qui élevaient du bétail et produisaient du fromage dont une partie était exportée.En 1829 fut fondée au chef-lieu la Caisse d’épargne du district, et en 1862 ouvrait ses portes un Orphelinat, aujourd’hui Home d’enfants.
La création en 1874 de la ligne ferroviaire Bienne – La Chaux-de-Fonds favorisa l’installation à Courtelary d’une usine de pâte à papier, remplacée en 1935 par la fabrique de ‘’Chocolats Camille Bloch’’.
Le secteur secondaire s’imposa peu à peu, par le biais de petites entreprises de mécanique ou d’horlogerie. En recul dès les années 70, ils se diversifiait et occupait 56% des actifs en 1985. En constante progression, le secteur tertiaire en employait 32% à la même date.
Bâti selon un plan originel transversal, le village se développa longitudinalement. Confrontée aux incessantes inondations provoquées par la Suze, les autorités décidèrent de corriger le lit de la rivière. Les travaux (1921-1935) mobilisèrent de nombreux chômeurs.
Le célèbre bâtiment ‘’Heimatstil’’ du collège date de 1908. Il abrite également l’Ecole secondaire du syndicat scolaire Courtelary-Cormoret-Villeret et la Bibliothèque communale. Les stades et installations sportives qui l’entourent d’une agréable auréole de verdure ont été créés en 1987. Courtelary dispose en outre d’une église catholique élevée dans le quartier ouest de Bretin en 1971. Alors que l’ancien collège (en face de la poste) abrite aujourd’hui les bureaux du Service d’action sociale de Courtelary et la salle du conseil de Bourgeoisie, le Centre communal, inauguré en 1992, est le siège, entre autres offices ou services, de l’école enfantine et des locaux de l’administration municipale.
Jean-Pierre Bessire